Le Reiki et Tenohira Ryoji Kenkyukai

Addentum sur l’expérience de Kurama-yama.

La date de l’expérience de Kurama a fait l’objet de doutes et donc de recherches. La stèle de Saihoji indique 1922. Le Lama Yéshé invoque plutôt la date de 1914. L’affaire semblait entendue.

Des informations récentes (2007) sur une des personnes qui composent le puzzle des origines du Reiki, Toshihiro Eguchi (1873-1954, voir plus loin), ont relancé le débat.

Avant de revenir sur ce point, il convient de rappeler au prélable que Mikao Usui avait fréquenté les principaux leaders du renouveau impérial au Japon, notamment marqué par la résurrection des arts martiaux sous une forme moins élitiste et plus accessible.

En ce qui concerne le terme « Reiki », la première publication sur le sujet est établie en 1919, sous la plume d'un naturopathe nommé Mataji Kawakami, et dans son ouvrage « Reiki Ryoho to sono Koka » (« Reiki Ryoho et ses effets »).

Les 5 Principes du Reiki sont issus de Meiji, que Usui dit, dans le Hikkei, avoir reçus avec les dernières volontés de l'Empereur (il y a un système de principes assez semblable au mémorial du couple Meiji à Tokyo). Ils apparaissent dans la littérature japonaise en 1921.

Le Reiki aurait ainsi été inspiré non seulement par les conceptions de l’Empereur mais aussi celles du maître nippon Toshihiro Eguchi, auteur d'ouvrages sur la guérison par imposition des mains. Eguchi était un adepte du Shintô et il semble bien qu'il ait beaucoup influencé le Reiki à partir de fin 1925 et après la mort d’Usui en 1926, notamment en introduisant (avec Chujiro Hayashi) les quatre symboles et les rituels d'initiation impériale du Reiki-kanjô au sein de Usui Reiki Ryoho Gakkai (des sources fiables indiquent que Mikao Usui n’utilisait que des lignes de sons, on avait donc imputé l’introduction des symboles au Dr Hayashi, dont on avait établi qu’il les mettait en oeuvre).

Dans un livre publié au Japon en 2.000 et consacré à Toshihiro Eguchi et ses techniques de « Tenohira-ga Byoki-o Naosu » (sous ce titre), que nous appelons « Téa-Té » dans le Reiki, Mihashi Kazuo (également auteur d'un livre sur les Kototama en langue chinoise) affirmait que Egushi aurait été formé au système Usui Reiki Ryoho Gakkaï à la clinique de Nagano (celle du mémorial Meiji). Il y aurait été présenté par une Mme Tamura à Taketomi Kainichi (1878-1960) et Ushida Jûzaburô (1865-1935), alors successeurs de Mikao Usui en triumvirat avec Chujiro Hayashi.

Mihashi Kazuo affirme que la principale critique d’Eguchi envers le système Usui fut le coût alors extrêmement élevé des formations, qui provoquera d’ailleurs un éclatement de la Fondation : d'un côté la Usui Reiki Ryoho Gakkai, de l’autre Eguchi (avec son propre système gratuit « Tenohira Ryoji Kenkyu-kaï »), et encore Hayashi (avec son propre système hors de prix, le Hayashi Reiki Kenkyukai). Rappelons que la clientèle de la clinique est à l'époque la Cour impériale et la bourgeoisie de la haute finance et de l’industrie, contrairement aux débuts où l'on trouvait des étudiants de toutes sortes de conditions sociales. Dans l'article de 1928 du Sunday Maïnichi, il y est d’ailleurs fait allusion.

On sait par le Professeur Rabinovitch, qui a connu et beaucoup écrit sur Eguchi, que Usui et son maître s'étaient connus plusieurs années auparavant : Egushi ayant alors passé deux années complètes avec Mikao Usui (sans doute en 1923). Il se pourrait qu'Eguchi ait été rappelé à la fin de la vie de Mikao Usui, peut-être à sa mort subite pour lui succéder. En tout cas, il est vrai qu'il y a un changement radical dans les grades et le contenu des enseignements vers 1925/1926. On sait aussi qu'Eguchi pratiquait des symboles de guérison mais qu'il ne les transmit pas à des tiers. Il enseignait sa méthode gratuitement et soignait de même, par contre, il acceptait les dons à la discrétion des généreux donateurs (selon le même Professeur Rabinovitch).

On a la preuve écrite qu’Eguchi a enseigné à Kyoto dans « un dojo appartenant à un M. Usui » en 1923, et que ce M. Usui « enseignait une méthode spirituelle de soin depuis 1918 ».

Il semble donc que la date de 1914, comme je l'indiquais en 2.000 dans mon « Reiki, médecine mystique du Dr Usui », soit la date de l'expérience de Kurama et des débuts du Reiki ; et non 1922 comme supposé depuis quelques années du fait de la mention de la stèle, période de 1914 d'ailleurs à laquelle Usui pratiquait le Zen à Kyoto. J'ai toujours conservé cette date avec un point d’interrogation du fait que le Lama yéshé s’était montré très formel sur ce point lors de ses transes.

Rappelons que le Dr. Hayashi créa le Hayashi Reiki Kenkyukai en 1931 et Eguchi, le Tenohira Ryoji Kenkyu-kaï, en 1927, quittant tous deux la clinique de Nagano Il est très singulier qu’ils eurent comme étudiant commun Yuji Onuki, un coréen formé de 1926 à 1930 par les deux maîtres à leurs systèmes respectifs. Moine laïc bouddhiste (comme Usui), Onuki-san enseigna le système Eguchi et le système Hayashi en Russie (un centre de thérapie bouddhiste s’est maintenu à St Petersbourg), puis après la seconde guerre en Europe et au Maroc dans les années 70.

Le texte ci-dessus a été réintroduit sous forme d'un addentum dans "Reiki, histoire et archives", à la page 72/257.
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Ces aspects bouclent la boucle. je m'étais toujours demandé comment un Chrétien méthodiste comme Hayashi avait bien pu avoir connaissance du Reiki-kanjô impérial et des symboles du Reiki, visiblement en rapport avec le rituel syncrétique shinto-bouddhique qui lui est associé. Il semble donc que la clef soit Eguchi, qui est une institution au Japon.

Merci Pascal pour ce post que j'ai lu avec beaucoup d'intérêt.