Je n'ai pas retrouvé le post mais quelqu'un a demandé sur le forum des précisions sur le système du Kalaçakra. En effet, cette initiation est fondée sur le même concept que le Reiki d'énergie interne à synchroniser sur le cycle céleste des planètes et des constellations : Rei = cosmos, Ki = psychisme humain.
Au chapitre 2 du Tantra de Kalachakra, l'analyse de l'existence, entendue comme une totalité de causes concomitantes, donne lieu à une classification des différents constituants corporels, des agrégats, des consciences, des sphères sensorielles et des principes de réalité, mis en correspondance avec les éléments du monde.
Ces notions de référence, composant notre personnalité empirique, ne sont pas des enseignements spécifiques au Tantra de Kalachakra. On les retrouve en effet dans le véhicule des Anciens, le hinayana, le véhicule des bodhisattvas, le mahayana, ou encore dans la philosophie des Enumérateurs, le samkhya.
Mais dans le Tantra de la Roue du Temps, l'ensemble des facteurs d'existence est articulé dans une dynamique globale d'évolution, exprimée en rythmes physiques, externes et internes, corrélés à des champs de vibrations et de périodicités karmiques.
Le Tantra décrit les schémas de synchronisation de ces rythmes, intégrant ainsi les plans du microcosme qu'est la personne, et du macrocosme qu'est le monde, dans une cosmo-psychologie évolutive, particulière au Tantra de Kalachakra …
Les 24 principes de réalité, ou tattva, littéralement "ce qui possède la qualité de cela", entrent dans l'analyse systématique de notre moi empirique. Selon le Tantra de Kalachakra, ces 24 principes de réalité correspondent au "domaine d'expérience de la conscience universelle".
Outre les cinq éléments, terre, eau, feu, air et espace, les tattva incluent trois principes psychiques qui constituent l'organe interne, base des fonctions vitales. Ces tattvas sont le sens mental / "manas", la substance psychique / "buddhi", fondement de notre perception du monde phénoménal, et la fonction subjective de l'ego / "ahamakara", qui donne naissance aux notions de moi et de mien.
Sous le contrôle de ces trois principes psychiques, sens mental, la substance psychique et fonction subjective, sont regroupés les cinq sens d'aperception : vue, ouïe, odorat, goût et toucher ; les cinq sens d'action : phonation, préhension, marche, défécation et miction-copulation, les cinq éléments dits fins : son, contact, vision, saveur, odeur, conçus comme suprasensibles, et perceptibles seulement par les dieux et les yogis, car nous ne pouvons les connaître tels qu'en eux-mêmes, mais seulement à travers leurs manifestations sensibles ; enfin les cinq éléments grossiers : terre, eau, feu, air et espace.
Ce schéma de notre être-au-monde, fondé sur les principes de réalité, se sépare de l'exposé des tattva par d'autres écoles, notamment celle des Enumérateurs, le Samkhya (sur lequel se fonde le Hatha Yoga et ses 7 centres subtils ou çakra, repris dans le new-age).
Le Tantra de la Roue du Temps ajoute en effet un principe de Réalité Ultime, décrit comme la "Claire-Lumière", "prabhasvara", ou encore la "substance primordiale innée". Car le concept clef autour duquel sont articulés les facteurs de l'existence construite est l'Inné, entendu non comme un soi suprême et permanent, mais au contraire comme non-soi, vide d'être-en-soi qui détermine l'existence. De même que l'Inné est "non-soi", l'analyse des causes racines de l'existence démontre l'impersonnalité du moi, structure essentiellement composite et absence d'être, traversée par une succession de phénomènes physiques et psychiques. Incarnée dans un Corps de Vajra dont la physiologie subtile a pour essence les quatre corps de Bouddha, la Conscience Vajra est vacuité, semence d'Eveil et germe de bouddhéité … ( voilà pour notre Réalité Ultime ou de Bouddha Inné ) …
Notre personnalité empirique, ( elle ) est formée des éléments-réceptacles des cinq lignées de Bouddha. Le moi, qui n'est pas conçu comme ontologiquement fondé, existe du fait de la coprésence simultanée et interactive des ( cinq ) agrégats, les "skandha", des 24 principes de réalité, les tattva, et des dix souffles subtils, les "vayu" …
La "pranashakti", que les Tibétains traduisent par "sRog-rLoung", et qu'après eux nous traduisons par "force-de-vie", est une énergie cosmique qui traverse l'organisme de tous les êtres sensibles ainsi que les corps célestes … Chez l'être humain, la force-de-vie est divisée en cinq catégories de souffles subtils principaux, et cinq catégories de souffles subtils secondaires. Ils sont reliés aux éléments et commandent une série de fonctions telles que la respiration, l'expectoration, la phonation, l'activité musculaire, la digestion, la défécation, la miction, la menstruation, l'accouchement, l'éjaculation, le clignement des yeux, le rire, le bâillement, etc. Les souffles subtils sont des facteurs d'existence à part entière qui font circuler la force-de-vie.
Répandue dans tout le corps, la pranashakti, sous forme extrêmement subtile, est concentrée au cœur. Elle est le support de l'esprit et, en tibétain, le mot cœur / "sNying", est synonyme d'esprit car la conscience et la luminosité naturelle de l'esprit ( claire-lumière ) émanent du lotus subtil du cœur.
Le Tantra de Kalachakra définit la base théorique de la progression de cette pranashakti dans les roues des zodiaques internes du corps vajra …
Le chakra du dharma, situé au lotus du cœur, est un zodiaque interne à huit pétales, associé aux planètes du système solaire et aux jours de la semaine. Il correspond à la roue des jours solaires, soit une année de 365 jours approximativement. Le péricarpe du lotus du cœur est associé à la vacuité.
Les 16 pétales du chakra d'Émanation, au front, sont les 14 jours lunaires, soit la moitié d'un mois lunaire, auxquels on ajoute deux pétales de la vacuité. Ils forment la roue des 371 jours environ de l'année lunaire.
Les pétales du chakra de jouissance parfaite, à la gorge, sont reliés aux 28 étoiles du zodiaque sidéral et comportent quatre pétales de la vacuité. Le lotus de la gorge est la roue des jours stellaires. Au chakra du corps Inné, au nombril, les jours zodiacaux sont associés aux constellations que le soleil parcourt en douze mois et 360 jours.
Le chakra du nombril est la roue des jours zodiacaux, ayant en son centre la vacuité. La Roue du Temps est donc un système à quatre roues, de jours solaires, lunaires, stellaires et zodiacaux. Chaque roue représente un champ particulier de transfert de l'énergie source de la vie, pranashakti …
Le Tantra de la Roue du Temps examine les différents paramètres d'évolution et de modification de la force-de-vie … L'ensemble s'organise autour d'un principe majeur qui, au cœur du tantrisme, gouverne la partition des énergies du monde. L'iconographie l'a représenté à l'image des déités père-mère, Kalachakra enlaçant Vishvamata … Le même principe de polarisation des énergies est illustré par le soleil et la lune, brillant à gauche et à droite dans le ciel des thangka. Pour le bouddhisme tantrique, le soleil est associé au féminin, à l'essence mère de couleur rouge, à l'ovule et à la partie droite du corps, où coule la veine subtile Rasana. Rasana, la Goûteuse, est le nom bouddhiste de Pingala, la Rousse, pour les yogis hindouistes.
La lune représente le masculin, l'essence vitale père de couleur blanche, le sperme et la partie gauche du corps, où coule la veine subtile Lalana. Dans le bouddhisme tantrique, Lalala, la Lécheuse, est le nom bouddhiste d'Ida, "Libation de lait" pour les hindouistes. Veine de nature lunaire, Lalana est le canal de l'esprit d'Éveil dans le corps. La pleine lune symbolise la perfection de la bodhicitta, la réalisation de l'esprit d'Éveil, qui est union des principes féminin et masculin, la femme-soleil éclairant l'homme-lune.
Le système de Kalaçakra s'adresse à des sédentaires, qui souhaitent se nomadiser, ou tout du moins sortir en mode privilégié de la civilisation impériale. L'introduction mythologique du texte le place dans cette perspective. En Europe, il n'est pas étonnant qu'il ait été donné par le Dalai Lama en Autriche, le dernier de nos empires d'Occident. Il est logique que pour des nomades, les polarités homme/femme et Lune/Soleil soient inversées : Homme Soleil et Femme Lune.
Ce petit jeu des essences rouge et blanche, qui montent et descendent en nous pour nous communiquer des états psychiques spécifiques est intéressant. Au Japon, qui est une civilisation (donc essence blanche homme lune, essence rouge femme soleil), le Mont Fuji est une sorte de phallus mythique, recouvert de lait. Pourtant, lorsqu'il s'éveille, la sève rouge monte à l'intérieur de sa cheminée et se déverse, brûlant tout sur ses flancs. Il est vu alors comme l'archétype du yogi qui inverse la polarité de son corps pour faire monter en lui la puissance ancestrale de la Terre, à l'image de la pratique de Kundalini-yoga. Les bouchons sont alors éjectés et l'énergie circule de nouveau entre Ciel et Terre.
Il est tout à fait intéressant que M. Hayashi ait choisi le lieu du Mont Fuji pour son suppukku. Dans une étude, j'ai proposé que l'expérience du Mont Kurama dont a bénéficié le Dr Usui, ait été une inversion de polarité. En effet, le fait d'amener la goutte rouge au sommet du crâne, dans le Kalaçakra, induit une mise en syntonie du pratiquant avec le zodiaque céleste. Il expérimente alors que quelque chose tourne au sommet de sa tête et vit une sorte d'extase, allant jusqu'à l'évanouissement. C'est ce même processus que chercheraient les derviches tourneurs du Soufisme dans l'Islam. La conscience est alors "râvie" et un effet puissant de cathrasis s'opère dans le corps, évacuant les déchets de tous les canaux subtils. Or, ces déchets sont facteurs de maladies psychiques puis corporelles.
Or, une des explications scientifiques du Reiki serait que le thalamus vibre au rythme de la constante de Schuman, présente dans une cavité qui entoure la Terre, pour se communiquer à travers les fascias aux mains puis au patient. Cette activité de vibration a été observée en Angleterre (voir "Postulats scientifiques et études cliniques"). Or, la fréquence de cette vibration est celle qui permet la vie sur Terre.